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Durant la Seconde Guerre mondiale, près de 130 000 Alsaciens et Mosellans furent incorporés de force dans les contingents de l’armée allemande. La condition particulièrement rude et dramatique de ces « Malgré-Nous » a durablement marqué la mémoire des deux régions, lesquelles continuent à commémorer chaque année l’enrôlement des jeunes soldats, au travers de « cérémonies du Souvenir ».
Fort de la conquête fulgurante du territoire français, Hitler décide dès juin 1940 d’annexer les territoires germanophones de l’est de la France. Ainsi, l’Alsace et la Moselle sont-elles placées sous le commandement de Robert Wagner, nommé Gauleiter des deux départements.
Craignant de possibles trahisons de la part des nouveaux conscrits, l’état-major allemand est dans un premier temps réticent à l’idée d’incorporer des soldats en provenance des régions conquises.
L’idée fait néanmoins son chemin et finit par se concrétiser progressivement.
Ce sont les SS qui, les premiers, effectuent des recrutements libres dès août 1940.
Toutefois, l’opération n’est que peu concluante avec seulement quelques centaines de jeunes hommes qui décident de répondre à l’appel.
Les Gauleiter changent alors de stratégie et décrètent un service du travail obligatoire en avril 1941, avant d’opter pour la conscription forcée en août 1942.
Au total, 100 000 Alsaciens et 30 000 Mosellans sont ainsi enrôlés de force et directement envoyés sur le front russe (pour 80 % d’entre eux).
Lorsque les jeunes conscrits sont incorporés à l’armée allemande, Stalingrad est déjà tombée. Aux yeux de la Wehrmacht, il faut alors renforcer le blocus de Leningrad.
Pour les soldats, les conditions de vie sont alors particulièrement difficiles. Le froid fait rage et les jeunes conscrits doivent s’abriter derrière des rondins, dans des trous ou des bunkers.
Très solidaires entre eux, les « Malgré-Nous » ne nourrissent pas d’animosité particulière à l’égard des soldats allemands. Ils n’en demeurent pas moins surveillés par leur hiérarchie, laquelle leur impose une discipline de fer (le Drill).
Toutefois, la désertion ne peut être une option viable. D’une part parce que les Soviétiques ne font que rarement des prisonniers, mais aussi parce que l’Allemagne menace de déporter, en représailles, toute la famille d’un déserteur (c’est le principe du Sippenhaft : « responsabilité du clan »).
Les aléas de la guerre amènent les conscrits à changer de front ou à être envoyés dans des camps de travail. Ainsi, ballottés sur les fronts russes, finlandais et yougoslaves, les « Malgré-Nous » subissent de nombreuses pertes. En effet, environ 30 % d’entre eux sont tués ou portés disparus.
Mais le sort réservé aux survivants n’est pas des plus cléments. À leur retour en France, beaucoup de « Malgré-Nous » sont conspués, notamment par des militants du Parti Communiste.
D’abord vus comme des traîtres et des sympathisants nazis, ils finissent néanmoins par être dédommagés par le gouvernement français qui décide, dès 1945, de leur verser la même pension qu’aux soldats ayant combattu pour la France.