Histoire

Sissi : impératrice, anorexique et cocaïnomane ?

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Vous connaissez sans doute Sissi sous les traits de l’actrice Romy Schneider, qui l’a incarnée à l’écran dans la série de films du réalisateur autrichien Ernst Marischka. Marischka a romancé l’histoire de l’impératrice Elisabeth d’Autriche, même si l’on ne peut nier que cette femme, qui compte parmi les plus influentes de la seconde moitié du 19e siècle, a effectivement eu une vie et un destin tragique, qu’elle a affronté à sa manière.

Elisabeth d’Autriche : éléments biographiques

La duchesse Elisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach, mieux connue sous son surnom de Sissi, naît en 1837 à Munich dans le royaume de Bavière. Elisabeth évolue dans les cercles de la cour, car elle est la cousine du roi de Bavière Louis II de Wittelsbach. Pour rappel, Louis II est un amoureux des arts, de la musique et de l’architecture : il était le généreux protecteur et mécène du compositeur Richard Wagner et on lui doit également la construction des plus beaux châteaux néo-gothiques de Bavière, comme le célèbre château de Neuschwanstein.
Elisabeth grandit donc dans une famille où les arts occupent une place centrale et où le mécénat est courant. Elle reçoit une éducation libre de ses parents : la jeune duchesse est passionnée de littérature en particulier de poésie, d’équitation et de nature, autant de passions qu’elle cultive avec allant.

À l’âge de 14 ans, Elisabeth s’éprend d’un écuyer de son père qu’elle déclare vouloir épouser. Cependant, sa mère, Ludovica, refuse que sa fille épouse un noble d’un rang inférieur et s’oppose catégoriquement à cette union. Peu de temps après, le jeune homme meurt de la tuberculose, et sa disparition va plonger Sissi dans une tristesse infinie. Pour la tirer de sa mélancolie, sa mère décide d’emmener ses deux filles, Hélène et Elisabeth, en voyage : toutes trois partent ainsi pour l’Autriche.

Comme on pourra s’en douter, le choix de destination n’est pas tout à fait anodin puisqu’à l’époque, le jeune empereur François-Joseph Ier d’Autriche est à la recherche d’une épouse. Après deux propositions d’union infructueuses avec les héritières des royaumes de Prusse et de Saxe, la famille impériale autrichienne se tourne vers la Bavière, troisième royaume le plus puissant de la région. Il est proposé que François-Joseph épouse Hélène de Bavière, la sœur aînée de Sissi. Cependant, lors de leur voyage en Autriche, ce n’est pas d’Hélène mais de Sissi, connue pour sa grande beauté et son tempérament impétueux, que François-Joseph s’éprend. L’empereur demande sa main, et c’est ainsi qu’en 1854, Elisabeth devient impératrice d’Autriche à l’âge de seulement 16 ans.

Le départ de Bavière et le changement de vie qui l’accompagne est brutal pour Sissi, qui souffre de la surveillance permanente de sa belle-mère, et tolère très mal l’étiquette et le décorum de la cour viennoise. De leur côté, les nobles de la capitale autrichienne s’étonnent, voire tournent en dérision, les états d’âmes de la nouvelle reine, et réprouvent cette impératrice mélancolique et capricieuse qui fuit la capitale et ses responsabilités dès qu’elle en a l’occasion. Bien que populaire dans le reste de l’empire (en particulier en Hongrie) Elisabeth est de plus en plus détestée à Vienne. Elle vit les impératifs de sa fonction comme une privation de liberté insurmontable, et s’enfonce de plus en plus dans une dépression que viendra aggraver la mort de sa première fille Sophie en 1857.

Dépression, anorexie et traitement

Cette dépression au long cours s’est incarnée de diverses manières. De ce que l’on peut déduire des lettres et des témoignages historiques, Sissi avait un rapport conflictuel, obsessionnel — sinon pathologique — avec son corps.

Consciente de sa grande beauté, que l’on célébrait partout dans l’empire et qui ont fait sa légende, la jeune impératrice protégeait son corps de manière maladive et dépensait des sommes astronomiques en toilettes, baumes et remèdes variés. La lutte contre le vieillissement était l’un de ses tourments quotidiens, ce qui explique d’ailleurs qu’elle ait refusé que tout portrait d’elle soit réalisé après ses trente ans. Il existe plusieurs photographies et représentations de Sissi, même si deux sont demeurées particulièrement célèbres. Il s’agit de deux portraits réalisés par Franz Winterhalter, l’un des peintres le plus côtés des cours d’Europe au 19e siècle. Le premier, surnommé le portrait aux étoiles et le second mettent tous deux en scène la beauté de l’impératrice, en particulier sa chevelure iconique, crinière qui lui tombait aux pieds, pesait cinq kilos, et dont elle s’occupait avec un soin constant.

Les circonstances ont également ébranlé sa condition psychique naturellement fragile. En effet, après la campagne d’Italie en 1859, qui oppose l’empereur François-Joseph à Napoléon III, à Victor Emmanuel II et à Giuseppe Garibaldi, et conduit à la défaite de l’Autriche, l’empereur s’éloigne de sa femme, multiplie les aventures, dont la cour se fait le prompt relais. Ces nouvelles aggravent la maladie d’Elisabeth, qui devient de plus en plus chétive.
A posteriori, on peut sans doute affirmer qu’Elisabeth souffrait d’anorexie mentale. Terrorisée à l’idée de prendre du poids, elle se pèse jusqu’à trois fois par jour, pratique le « corsetage », qui consiste à porter le corset le plus serré possible et à ne se nourrir uniquement de liquides (lait, bouillons, jus de viande). Elle est connue aussi pour son activité physique débordante : tous ses appartements disposent d’une salle de gymnastique complète (barres parallèles, anneaux et autres agrès). Elle y passe plusieurs heures par jour, auxquelles s’ajoutent deux heures d’équitation et de marche active.
Pour signaler son mécontentement, Sissi se met aussi à fumer en public lorsqu’elle est à la cour. Cet acte de défiance scandalise profondément les nobles viennois, d’autant que l’admiration dont Sissi jouit au sein de l’empire conduit de nombreuses jeunes femmes à l’imiter. Cette influence conduira d’ailleurs à un drame familial : sa cousine Mathilde, qui s’était mise à fumer pour lui ressembler, mourra brulée vive en 1867 alors qu’elle tentait de dissimuler une cigarette allumée dans sa robe pour que son père ne la voie pas.

Devant son amaigrissement constant, les médecins lui préconisent repos et soleil, elle effectue ainsi des séjours de plusieurs mois à Madère et à Corfou, mais chaque nouveau retour à Vienne s’accompagne d’un retour plus violent de la dépression. C’est pour cette raison que Sissi consomme régulièrement de la cocaïne, un traitement également recommandé par les médecins de l’époque aux patients dépressifs. Rappelons en effet qu’au 19e siècle, la cocaïne est utilisée comme anesthésiant local, comme sédatif et comme anti-dépresseur. Ce psychotrope est populaire des deux côtés de l’Atlantique, et Sigmund Freud sera l’un des partisans les plus célèbres des traitements à la cocaïne pour aider les patients neurasthéniques. D’ailleurs, si vous visitez le Musée Sissi à Vienne, qui se trouve dans les appartements impériaux du Palais de la Hofburg, vous pourrez admirer des centaines d’objets ayant appartenus à Sissi, y compris sa seringue à cocaïne qu’elle conservait toujours dans sa trousse à pharmacie de voyage.

L’assassinat de Sissi : la force du mouvement anarchiste

Le destin tragique de Sissi s’achève par son assassinat le 10 septembre 1898, sur le quai du Mont Blanc à Genève, par l’anarchiste italien Luigi Luccheni. Outre la déflagration causée par sa mort dans l’empire austro-hongrois, cet assassinat permet de rappeler la puissance du mouvement anarchiste à l’époque : en effet, plusieurs dirigeants politiques de premier plan sont assassinés par des militants anarchistes au tournant du 20e siècle, car le mouvement estimait que le meurtre était la seule manière de contester le pouvoir en place et d’ébranler l’assise des régimes autoritaires. Ainsi, Alexandre II de Russie est assassiné en 1881, le président français Sadi Carnot en 1894, le premier ministre espagnol Antonio del Castillo en 1897, Sissi en 1898, le président des États-Unis William McKinley en 1901.
Outre la contestation du mouvement anarchiste, notons aussi que des contestations nationalistes se consolident aux débuts du 20e siècle partout en Europe. En effet, 15 ans après la mort de Sissi, l’héritier du trône et neveu de François-Joseph Ier, l’archiduc François-Ferdinand et sa femme sont tous deux assassinés à Sarajevo en 1914 par un étudiant nationaliste serbe, double meurtre qui deviendra le casus belli de la Première Guerre mondiale (1914-1918).

Auteur: Elisabeth Fauquert, Professeur à l’université Paris I Panthéon Sorbonne

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